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Cliquez pour afficher l'imageLe village d'Etreval, faisait partie des terres du comté de Vaudémont; René II y abolit les mains-mortes en 1491 ; il fut érigé en haute-justice le 22 décembre 1533 par le duc Antoine, en faveur de François de Tavagny, capitaine de Vézelise. Afin de s’y réfugier en temps de peste, ce dernier avait fait bâtir dès 1532 deux corps de logis (au Nord et à l’Ouest) dans un ouvrage plus ancien datant probablement de la fin du XVème (voir chapitre « architecture »)

François de Tavagny fit également construire l'Hôtel de Tavagny à Vézelise en 1546, dont les façades Renaissance sur rue et sur cour sont classées. François de Tavagny avait fait construire, dans le château, une chapelle sous l'invocation de sainte Anne ; on y disait la messe les fêtes et dimanches.  On dit également avoir découvert, au château d'Etreval, une grotte souterraine dans laquelle était une statue en pierre représentant Mercure. On sait que la montagne de Vaudémont, au pied de laquelle est bâti ce village, était consacrée à Mercure.


On lit dans les lettres patentes du duc Antoine du 22 décembre 1533 portant érection de la terre d'Etreval en haute justice :

« François de Tavagny, notre écuyer d'écurie et capitaine de notre ville de Vézelise, nous a remontré que depuis peu de temps en ça, en vertu de certains acquêts qu'il avait faits « en ung lieu désert » nommé Estreval, en notre comté de Vaudémont, lui avions affranchi deux maisons et gaingneurs audit lieu de toutes servitudes que seigneur peut demander... Néanmoins avait encore audit Estreval trois hommes n'ayant pas grands biens, lesquels lui ont fait échange de ce qu'ils avaient audit lieu... Nous suppliant que pour autant qu'il désire faire quelque logis audit Estreval, pour soi retirer en temps de peste et autrement, etc. »

Cliquez pour afficher l'imageIl semble résulter de ces quelques passages des lettres du duc Antoine, que le village d'Etreval, se trouvait à peu près entièrement dépeuplé ; on ne dit pas quelle avait été la cause de cette dépopulation. En 1709, il n'y avait que 10 à 12 habitants, et Etreval n'était qualifié que de hameau. Malgré son peu d'importance, il devint, en 1724, à cause de son château, le chef-lieu d'un comté qui comprenait Lalœuf, Puxe, Velle,Souveraincourt, Dolcourt, Favières, Saulxerotte, Praye et Chaouilley.

Après de Tavagny, cette terre a ensuite appartenu à la maison de Gournay ; originaire de Metz, elle était établie depuis longtemps en Lorraine et s'est éteinte vers la fin du 18ème siècle. Elle descendait de Valdus, qui vivait en 970, et a donné cinquante échevins ou chefs à la république messine.

Regnauld (ou Renaut) de Gournay est un militaire actif, au sein d'une Lorraine tiraillée entre ses intérêts propres, la défense officielle de la religion catholique contre les réformés et les vues annexionnistes précises du roi de France, de l’empire germanique et de leurs alliés divers.
Regnauld de Gournay, seigneur de Rembercourt est d'abord officier du roi puis repasse dans le camp lorrain aux pires moments que va connaître la Lorraine: la Guerre de Trente ans. Il meurt avant 1643. Il a laissé procuration à sa femme Dorothée de Tavagny à de nombreuses reprises pour la gestion de ses rentes lors des longues campagnes militaires aux côtés du duc de Lorraine. Le testament par lequel il laisse l'usufruit de tous ses biens à sa femme remonte à 1635 mais il meurt peu après et Dorothée de Tavagny rédigera elle-même ses dernières volontés en 1639. A cette époque, les ravages incessants de la soldatesque, la famine et les épidémies ont cumulé leurs effets pour détruire plus de 60% de la population des duchés...

Cliquez pour afficher l'imageC’est cette Dorothée de Tavagny, fille de François de Tavagny, seigneur d'Estreval, chambellan et conseiller d'Etat du duc Henri II, et de Louise de Floraiville, qui apporta le château d’Etreval à Regnauld de Gournay qu’elle épousa en 1615 ;

Etreval fut ensuite vendu par Ignace de Gournay(*) à Marc de Beauvau (**), prince de Craon, pour qui le Duc Léopold l'érigea en comté, sous le nom de Gournay, le 12 septembre 1724.

 (*) Renaut de Gournay, fils puîné de Renaut de Gournay seigneur de Friaucourt et de Rambercourt et de Dorothée de Tavagny, dame d’Estreval fut seigneur de Rambercourt et d’Etreval ; il eut trois enfants dont Ignace de Gournay, Seigneur de Rembercourt & de Dommarie, Chambellan du Duc Léopold, premier Ecuyer de Madame Royale et Bailli du Comté de Vaudémont 
(**) Marc de Beauvau, marquis de Haudonvillers sous le nom de Craon, le 21 août 1712; marquis d'Autrey, le 4 novembre 1720; baron de Hargeville, le 8 avril 1721; baron de Villessey, le 13 février 1723; comte d'Estreval sous le nom de Gournay, le 12 septembre 1724.


Le Prince de Craon conserva le domaine de Gournay qui avait été érigé en comté de Gournay par lettres du 12 septembre 1714, jusqu’en 1733, date à laquelle Bouvier de Tervenus, anobli (voir le nobiliaire de Lorraine et du Barois 1974), devint le nouveau propriétaire. Avec M. de Tervenus, ce village reprend le nom d'Etreval (ou Estreval).

On cite dans la littérature, un Tervenus, François-Antoine de, seigneur d’Étreval (1719-1750).

Cliquez pour afficher l'image« Les 4 janvier 1772 et 13 janvier 1777, Dominique-François-Xavier de Tervenus d’Estreval, ancien capitaine au régiment de Bauffremont, fait ses foi et hommage pour la seigneurie du comté d'Etreval ». Il allait peu au château d’Estreval et habitait en automne en sa ferme et son château d’Eulmont (près de Nancy). L’un de ses petits-fils, Charles de Thomassin, ayant émigré, M. de Tervenus fut suspect pendant la Terreur, mais non arrêté car défendu par » les patriotes du quartier » Son frère fut pendant 29 ans supérieur de la congrégation de Saint- Charles de Nancy.

Anne-Louise de Tervenus sa fille née en 1747 épousa à Nancy le 24 mai 1768, Nicolas Charles-Antoine de Thomassin, conseiller et auditeur à la Chambre des comptes de Lorraine  » savant et habile dans sa profession » mais aimant le jeu !

Quant ce M. de Thomassin mourut le 27 novembre 1800, la nation prit possession de sa succession (son fils « Lolot » ayant émigré, ses biens furent confisqués) ;
 
En fait, plus tard, la famille Thomassin fut sortie de la liste des émigrés et une indemnisation de 137000 francs fut accordée à Mme de Thomassin et son fils.

Cette terre d'Estreval a ainsi été possédée par les héritiers de Dominique-François-Xavier de Tervenus d’Estreval (de Tervenus puis de Thomassin)

Les décimateurs (***) de ce lieu sont, le chapitre de Bouxières-aux-Dames, celui de Vaudémont, et le curé d'Estreval, chacun pour un tiers.

(***) Sous l’Ancien Régime, le décimateur était, celui (individu ou communauté) qui avait le droit de lever l’impôt en nature prélevé par l'Eglise sur les productions agricoles (la dîme).


Cliquez pour afficher l'imageEn 1822 Etreval possède alors un château et un jardin spacieux (Annuaire administratif de la Meurthe 1822)

Le 21juillet 1841, pendant qu'on faisait une vente dans une salle du château d'Etreval après décès du sieur de Thomassin, le plancher s'écroula, et la foule qui la remplissait descendit à l'étage inférieur ; plusieurs personnes furent assez grièvement blessées.

On écrit de Vézelise (Meurthe), le 21 juillet :

« Un affreux malheur vient de jeter la désolation dans bien des familles; le deuil est général à Vézelise et dans plusieurs communes des environs. On procédait aujourd'hui à la vente mobilière du sieur de Thomassin, décédé en son château, à Etreval sur la fin du mois dernier. La foule était immense. Chacune des chambres de ce vieux manoir, dont l'époque de la construction se perd dans la nuit des temps, était encombrée de curieux. On était au premier étage quand le plancher, cédant sous le poids des acheteurs, vint ensevelir sous ses décombres les personnes qui se trouvaient au rez-de-chaussée. Plus de cinquante personnes sont horriblement mutilées ; on ne connait pas encore le nombre exact des morts ni des blessés. M. le curé de Vandeléville, le docteur Borom et M. Salle, pharmacien, se sont conduits avec un courage au-dessus de tout éloge. »

Cliquez pour afficher l'imageC’est en 1841 probablement que le château mal entretenu par les Thomassin, fut vendu à M. Martin qui, avec ses descendants l’utilisèrent comme exploitation agricole, jusqu’aujourd’hui.

On retrouve ce Martin, rentier à Etreval, en 1856 dans la liste des électeurs arrêtée par le Conseil Général de Nancy pouvant êtres choisis pour le jury d’expropriation (Annuaire administratif de la Meurthe 1856)

Population : en 1710, Etreval comptait 16 habitants, 132 en 1802, 230 en 1822, 192 en 1843

Documentation : JCB          
 
 
Château de domaine privé, aucune visite n'est autorisée.